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mardi 1 janvier 2013

Lawrence d'Arabie et l'alliance Anglo-Judéo-Arabe

Dans le JPost ALEXANDER ZVIELLI a rappelé comment T.E. Lawrence a oeuvré pour une alliance Anglo-Judéo-Arabe en Palestine et la suite des évènements. (P.S. "Palestine" désigne par commodité une zone géographique ou la zone du mandat de la Société des Nations, rien de plus. En fait si, ce terme désignait le ...futur état d'ISRAEL dans la terminologie de l'epoque 
Lord Arthur James Balfour

Vous ne trouverez pas cette vérité dans la longue biographie de Thomas Edward Lawrence, le légendaire «Lawrence d'Arabie» dans l'Encyclopaedia Britannica. Ne vous attendez pas à entendre ce qui va suivre sur la BBC.

Le monde se rappelle de Lawrence comme d'un guide, un ami et un champion des Arabes, mais on sait à peine que le sionisme lui paraissait comme une force qui allait rétablir la Palestine dans son ancienne gloire, grâce à la coopération active entre les Anglais les Juifs et les Arabes.
T.E. Lwrence, était  un officier anglais, un héros de la cause arabe, un archéologue, orientaliste et écrivain, qui,  justement parce qu'il était un champion dévoué de la cause arabe, a soutenu l'implantation juive en Palestine.

T.E.  Lawrence
Lawrence, né le 15 Août 1888, dans le Caernarvonshire, au Pays de Galles, a, avant la première guerre mondiale  connu la Palestine, occupée depuis 4 siècles par les Turcs, beaucoup mieux que la plupart des dirigeants sionistes européens, Chaim Weizmann inclus. Déjà à Oxford, il avait présenté une thèse sur le sujet des châteaux des Croisés en France, en Syrie et en Palestine, qui lui a valu,en 1910, une distinction de première classe . Protégé de l'archéologue D.G. Howard d'Oxford, il a fouillé à partir de 1911 le site hittite de Karkemish sur l'Euphrate.
Lawrence a utilisé ses trois ans de bourse pour explorer toute la Palestine, apprendre les langues, les coutumes et faire connaissance avec les notables. Au début de 1914, lui et Sir Leonard Woolley ont exploré méticuleusement le nord du Sinaï, dans ce qui était en fait une identification des passages stratégiques militaires et l'établissement de cartes du Néguev parrainé par le Palestine Exploration Fund.

Au début de la Première Guerre mondiale il était employé à la cartographie du ministère de la Guerre à Londres en qualité d'expert du Moyen-Orient et des affaires arabes. Envoyé en renfort au QG britannique au Caire, il a persuadé les Arabes à se révolter contre le régime turc avec le soutien des forces britanniques. Lawrence, grâce à ses connaissances, son expérience son enthousiasme, et à l'aide de souverains d'or, a organisé une unité de combat arabe commandée par l'émir Fayçal, fils du chérif Hussein de La Mecque, à qui les Britanniques avaient adressé la Déclaration McMahon de 1916 promettant la libération des arabes du joug turque et leur soutien au Sherif Hussein en tant que roi d'Arabie.

Lawrence a servi l'Emir Fayçal dans cette unité comme officier de liaison et conseiller politique, et a réussi à capturer Aqaba en 1916. L'unité entra à Damas en 1918. Durant l'été 1918, elle  effectuait toujours des actes de sabotage derrière les lignes turques lorsqu'une réunion historique a eu lieu entre l'émir Fayçal, Lawrence et le Dr Chaim Weizmann.

Le Dr Weizmann (à gauche) et l'Emir Fayçal
WEIZMANN rappelle dans ses mémoires, publiées dans son livre "Trial and Error" ( Allusion à son travail de chercheur scientifique qui procède par "essais et erreurs") , comment il est arrivé au Caire au printemps de 1918 à la tête de la commission sioniste, chargée de conseiller le gouvernement britannique sur la mise en œuvre de la Déclaration Balfour. Au Caire, le général Edmund Allenby, commandant des forces britanniques en Egypte a conseillé au Dr Weizmann de tenter d'établir un contact direct avec les dirigeants arabes et leur demander leur soutien pour le développement commun de la Palestine. Allenby a suggéré au Dr Weizmann d'approcher l'Emir Fayçal "pour obtenir au moins une entente de principe sur le programme sioniste en Palestine." 

De l'avis d'Allenby,  l'unique notable Arabe pouvant se prétendre le leader du monde arabe, c'était Fayçal.

Ainsi  en Juin 1918, le Dr Weizmann, assisté d'un officier de liaison britannique, le Major Ormsby-Gore, a entrepris un voyage difficile pour rencontrer l'émir Fayçal. Cependant, sur le chemin Ormsby-Gore a contracté la dysenterie. Un autre officier britannique a été nommé pour accompagner Weizmann au camp de Fayçal en Trans-Jordanie. Cette substitution inattendue a rendu la tâche de Weizmann plus difficile, car Ormsby-Gore était favorable au sionisme.

Ce fut une agréable surprise pour Weizmann, épuisé après un voyage très fatigant, lorsque, à son arrivée au camp de Fayçal il a été accueilli par Lawrence, sympathisant de la cause sioniste. Lawrence a instruit Weizmann sur la façon d'aborder l’Émir Fayçal et la façon de présenter sa cause. Il se révéla être non seulement un bon traducteur (Weizmann ne parlait arabe) , mais aussi un ami de confiance de Fayçal qu'il a convaincu que le peuplement juif en Palestine serait d'un grand avantage pour le pays et pour le peuple arabe.

Pour Lawrence, qui avait rencontré des pionniers juifs et admiré leur zèle, l'union des Juifs et des Arabes sous l'égide britannique dans un effort commun pour reconstruire la Palestine après des siècles d'oubli, semblait des plus prometteuses.Lawrence, bien conscient de la pauvreté et la négligence de la Palestine sous la domination turque, était convaincu que l'effort et l'argent juif bénéficierait à terme aux deux peuples. Après la fin de la Première Guerre mondiale, lors de la Conférence de la paix de Paris, il a présenté à nouveau cette idée, en tant que représentant de l'émir Fayçal qui lui même représentait les intérêts arabes.

Lawrence a contribué à la rédaction de l'accord Weizmann-Fayçal par laquelle ont été reconnus les droits nationaux et historiques des Juifs en Palestine. La Grande-Bretagne allait devenir la puissance mandataire en Palestine, qui devait absorber des millions de Juifs qui offriraient une aide financière et technique aux Arabes.



Lors de la Conférence de Paix de Paris de 1919, Lawrence était présent à la réunion cruciale entre l’Émir Fayçal et le représentant  sioniste américain, Felix Frankfurter. Une lettre historique a été publiée le 3 Mars 1919, au nom de la délégation du Hedjaz, signée par l'émir Fayçal. La lettre avait clairement indiqué la position arabe:
"Cher M. Frankfurter, je veux profiter de l'occasion de mon premier contact avec des sionistes américains, pour vous dire ce que j'ai souvent été en mesure de dire au Dr Weizmann en Arabie et en Europe. Nous avons le sentiment que les Arabes et les juifs sont des cousins ​​de race, qu'ils souffrent d'une oppression similaire par des mains de puissances plus grande  qu'eux-mêmes, et que, par un heureux hasard, ils ont été en mesure d'accomplir ensemble, un premier pas vers la réalisation de leurs idéaux nationaux. Nous, les Arabes, surtout les gens instruits parmi nous, regardons le mouvement sioniste avec la plus profonde sympathie... "
Comme l'a déclaré Weizmann : "cette lettre remarquable devrait intéresser les critiques qui nous ont accusés de commencer notre travail sioniste en Palestine, sans jamais avoir pris en  considération les souhaits ou le bien-être du monde arabe... l'accord que l'émir Fayçal, en tant que chef de la délégation arabe à la Conférence de la Paix, a signé avec moi le 3 Janvier 1919, devrait être digne d'un intérêt  égal à ces mêmes critiques."

Cet accord stipulait que l'Administration de Palestine mettrait en place la  Déclaration (Balfour) du gouvernement britannique du 2 Novembre 1917, encourageant l'immigration juive en Palestine.

Cependant, la bonne volonté de l’Émir Fayçal n'était guère partagée par une grande majorité des autorités militaires britanniques ni de l'administration de la Palestine, qui a largement ignoré la Déclaration Balfour. Ils étaient hostiles aux Juifs, en particulier aux immigrants juifs de Russie, qu'ils considéraient comme des émissaires bolcheviques, agissant selon les Protocoles des Sages de Sion.Cette attitude a certainement influencée les Arabes et a contribué à diffuser la propagande anti-juive des fanatiques musulmans syriens.La politique britannique de diviser pour régner était un obstacle à toute conciliation.



L’Émir Fayçal a échoué dans sa tentative de devenir le roi de Syrie. 

La Conférence Suprême des forces alliées, qui s'est réunie à San Remo, le 20 Avril 1920, a donné à la Grande Bretagne un mandat sur la Palestine, avec l'obligation d'y établir le foyer national juif, promis dans la Déclaration Balfour. 

La France a reçu un mandat pour le Liban et la Syrie.Cela s'est avéré être une déception pour Lawrence et pour les Arabes, beaucoup d'entre eux se sont sentis trahis et leurs intérêts mis de côté par la Grande-Bretagne et la France. L'Émir Fayçal a quitté la conférence de paix en colère.





Lawrence rentra chez lui, mais il est retourné au Moyen-Orient en Mars 1921, en tant que conseiller personnel de Winston Churchill, alors ministre des Colonies, qui apaisa les Arabes en offrant à Fayçal le Royaume d'Irak, et à son frère Abdullah l’Émirat de Trans-Jordanie. En 1922, Churchill à séparé la Trans-Jordanie de la Palestine, en espérant que cela satisferait les exigences des Arabes pour un Etat bien à eux. 





Après quelques mois à Amman, Lawrence retourna à Londres, où, en 1926, il publia son livre Les Sept Piliers de la Sagesse, paru en 1927 dans une version plus courte. Lawrence, à qui l'aventure manquait, s'est enrôlé dans les forces britanniques à deux reprises en tant que simple soldat. Il est décédé le 19 mai 1935, dans le Dorset. Ses autres livres ont été publiés à titre posthume.

Son travail pour un développement conjoint Anglo-Judéo-Arabe en Palestine a été presque complètement oublié.


Annexe:

1) Photo de la première page de l'accord Weizmann - Fayçal (source -université de  Harward)

"Son Altesse Royale l'Emir Fayçal, représentant et agissant au nom du Royaume Arabe du Hedjaz et le Dr Chaim Weizmann, représentant et agissant au nom de l'Organisation Sioniste,
Conscients de la parenté  raciale et des anciens liens existants entre les arabes et le peuple juif, et réalisant que que le meilleur moyen de faire aboutir leurs aspirations nationales passe par une collaboration la plus intense possible dans le développement de l'Etat Arabe et de la Palestine, et ayant le désir de confirmer d'avantage la bonne entente qui existe entre eux

ont convenu les articles suivants"



2) Lettre de Fayçal à Frankfurter, avec l'en-tête "délégation du Hejaz"

Lettre de Fayçal à Frankfurter
source:  Harward


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