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dimanche 13 mai 2012

En mai 2012 comme en mai 1967, Israël est uni.

Charles Krauthammer éclaire l'annonce surprise d'un gouvernement d'union nationale Likud/Kadima :

En 1967, en violation flagrante des accords de cessez-le-feu,   l'Égypte a  intimé l'ordre aux casques bleus de l'ONU de quitter le Sinaï, a positionné 120 000 soldats sur la frontière avec Israël, a mis en place un blocus d'Eilat (le seul port du sud du pays), a conclu un pacte militaire avec la Jordanie et a promis conjointement avec la Syrie d'anéantir Israël.
Mai 1967 fût le mois le plus stressant, le plus désespéré. Le pays était encerclé et seul. Les garanties des grandes puissances se sont averées creuses. Faute de participants, une flotille occidentale n'a pu être mise en place contre le bocus. Le temps venait à manquer. Forcé de se défendre contre une invasion en mobilisant les réserves constituées de civils, la vie du pays s'est arrêtée. Asphyxié, Israël était en train de mourir.


Le 5 Juin, Israël a lancé une attaque préventive sur l'aviation égyptienne, puis a conclu des victoires-éclairs sur trois fronts. La guerre des six jours est légendaire, mais peu de monde se rappelle que le 1er juin, l'opposition nationaliste (précurseur du Likoud) a rejoint pour la première fois le gouvernement, dans une Unité Nationale d'urgence

Tout le monde avait compris pourquoi. On n'entreprend une guerre préventive risquée sans une coalition représentant un large consensus.
Quarante cinq ans plus tard, au milieu de la nuit du 7 au 8 Mai 2012, le Premier Ministre Benjamin Netanyahou a provoqué un choc dans le pays en intégrant le principal parti de l'opposition, le Kadima ["en avant"] dans un gouvernement d'union nationale. C'était un choc car, seulement quelques heures auparavant le Parlement ( Knesset) votait la mise en place d'élections anticipées en septembre.

Pourquoi, alors qu'au vu des sondages il était sûr de les gagner,  Netanyahou a-t-il  annulé ces élections ?

Parce qu'aujourd'hui, pour Israël, c'est un Mai 1967. La menace n'est pas aussi aiguë : l'humeur n'est pas au désespoir, c'est juste un pressentiment. Le compte à rebours est commencé mais il n'est pas aussi rapide. La guerre n'est pas dans quatre jours mais elle s'approche. Aujourd'hui, Israël est confronté à la pire menace pour son existence depuis 1967 - des mollahs avides d'Apocalypse qui s'engagent publiquement à annihiler Israël en se procurant des armes nucléaires. Une fois de plus le monde dit à Israël de ne rien faire pendant qu'il cherche une issue. Mais si aucune issue n'est trouvée - comme en 1967 - les Israéliens savent qu'il leur faudra se défendre par eux mêmes.

Une telle décision cruciale nécessite un consensus national. En créant la coalition la plus grande de ces trois décennies, Netanyahou met en place les bases politiques pour une telle frappe préventive, s'il en arrive là.
Le nouveau gouvernement aura derrière lui à la Knesset 94 sièges sur 120, ce qui a été décrit par un commentateur comme "cent tonnes de béton".
Voilà pour le récent battage médiatique sur une "grande opposition" à la ligne dure de Netanyahou concernant l'Iran. Les opinions critiques de deux responsables à la retraite du service des renseignements ont été largement diffusées.

Pour le parti centriste qu'est le Kadima (ce sont  eux qui ont procédé à l'évacuation de la bande de Gaza ), rejoindre une coalition dirigée par le Likud dont le premier ministre est un ancien Premier Ministre travailliste (qui avait autrefois proposé Jérusalem-Est à Yasser Arafat) c'est la définition même d'Unité Nationale, et cela réfute la rengaine populaire : "Israël est divisé".
"Tout le monde dit la même chose", dit un membre de la Knesset, "bien qu'il puisse y avoir des différences de ton".

Bien entendu, Netanyahou et Shaul Mofaz, chef du Kadima, ont mis en avant des raisons prosaïques : lois sur le service militaire, nouvelle loi électorale et les négociations avec les Palestiniens. Mais Netanyahou, qui est le premier premier ministre du Likoud à reconnaïtre le droit des Palestiniens à un Etat, n'avait pas besoin de Kadima pour négocier. Il a attendu Mahmoud Abbas pendant deux ans. Abbas a refusé de négocier. Il ne le fera pas. Rien ne changera de ce côté-ci.

Ce qui change avec cette unité nationale, c'est la position d'Israël en ce qui concerne l'Iran. Cette large coalition démontre que maintenant Israël est politiquement prêt à cette guerre - militairement c'est dêjà le cas.
Ceux qui conseillent à Israël la soumission, la résignation ou une patience illimitée ne peuvent plus rejeter la ferme position d'Israël comme l'obsession d'un gouvernement de va-t-en guerre de droite. Pas avec un gouvernement qui représente 78 % du pays.

Netanyahou a annulé les élections en septembre qui lui auraient donné quatre ans de plus au pouvoir. Il a préféré former un gouvernement d'union nationale qui garantit 18 mois de stabilité, 18 mois pendant lesquels, si le monde n'agit pas pour arrêter l'Iran, Israël le fera.

Et ce ne sera pas l'oeuvre d'un homme, d'un parti ni d'une faction idéologique. Comme en 1967, ce sera le travail de toute la nation.

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