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vendredi 14 janvier 2011

Bouteflika et Marie Antoinette : Ils réclament la démocratie ?! Subventionnez le sucre et l’huile

DNA

12 Janvier 2011, 22:57 | Farid Alilat

Et nous y voilà ! Une semaine après les émeutes qui ont secoué l’Algérie, on glose davantage sur le prix du sucre et de l’huile que sur les vraies raisons de cette colère. On polémique davantage sur le prix du kilo de sucre, du bidon d’huile, on se chamaille, on s’étripe pour savoir qui du gouvernement, des importateurs, des grossistes ou du groupe Cevital, propriété de la famille Rebrab a raison de faire baisser ou d’augmenter les prix de ces deux produits.


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Pendant ce temps là, on oublie l’essentiel. Le pouvoir algérien aura presque réussi son coup : occulter les vraies raisons de cette colère qui a soufflé sur le pays pendant 4 jours. Nous ne l'oublions pas : les émeutes en Algérie n'ont pas commencé au soir du mercredi 5 janvier 201. Elles se sont étalées tout a long de l'année 2010 et bien avant.

Entendons-nous bien avant de passer à l’essentiel : La baisse des prix du sucre, de l'huile, éventuellement ceux de la pomme de terre, de l’oignon, du pain, du lait, ou du dentifrice, est une bonne nouvelle pour le consommateur algérien. C’est toujours ça de pris pour le pauvre citoyen qui se demande comment diable peut-il boucler ses fins de mois. Des prix à la baisse pour les produits de première nécessité, c’est autant de répit pour les petites bourses.

Mais revenons à l’essentiel. Vouloir réduire la contestation sociale à une émeute de la faim relève autant de la tricherie, de la diversion, que de l’erreur politique.

Sur ce chapitre, le gouvernement est dans son rôle : plus il tente de focaliser le débat sur le prix de l’huile et du sucre, moins il aura à s’expliquer sur le marasme social dans lequel est aujourd’hui plongé l’Algérie.

Plus il tente d’orienter le débat vers la sphère économique, mieux il se dédouane de sa responsabilité politique dans la crise profonde dans laquelle se retrouve aujourd'hui l’Algérie.

C’est que le régime algérien campe le rôle de la Marie Antoinette. Lorsque la reine de France, épouse de Louis XVI, voit, en 1789, du haut de son balcon, le peuple de Paris se plaindre de l’augmentation du prix de pain, elle s’offusque : « S’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent des brioches ».

Lorsqu’en 2011, le gouvernement algérien voit son peuple descendre dans la rue pour réclamer plus de justice sociale, une meilleure répartition de la rente pétrolière, la fin des passe-droits, plus de travail, moins de corruption, plus de logements, plus de libertés, alors ce pouvoir lui répond du haut de son balcon : « Ils veulent la démocratie, subventionnons les prix du sucre et de l’huile… »

Diable, nous ne le savions pas !

Les jeunes algériens qui sont sortis dans la rue, ceux qui ont tout cassé, brûlé, pillé ; ceux qui ont saccagé les tribunaux, attaqué les commissariats; ces gosses et ces pères de familles morts durant ces émeutes, et bien tous ceux-là ont agit de la sorte parce qu’ils réclamaient un ajustement des prix du sucre et de l’huile, parce qu’ils exigeaient une baisse de la TVA sur ces produits, parce qu’encore ils réclamaient une exonération de l’IBS.

Et nous ne le savions pas !

Pourtant, depuis quelques jours, le gouvernement s’échine à l’expliquer. Si les jeunes algériens sont sortis dans la rue, c’est davantage pour exiger plus de sucre et plus d’huile à bas prix que pour réclamer leur droit de vivre dans pays qui leur donne enfin la possibilité de s’épanouir.

Nous le savions pas, diable, nous feignons de l'ignorer !

Certes, ceux qui sont sortis dans la rue à Oran, à Alger, à Annaba, à Djelfa à Msila, à Bejaia, ceux-là n’ont pas accompagné leurs gestes de slogans explicites, ils n’ont pas non plus brandi de banderoles, ils n’ont pas tout autant exprimé de revendications claires, nettes et précises.

Certes encore, les manifestants se sont livrés à des actes de destructions, de pillages, voire de vandalisme, mais cette colère destructrice a des origines profondes, des raisons objectives, un sous-bassement politique.

Ces Algériens qui sont sortis dans la rue ne demandent pas moins que la fin des inégalités sociales, une juste répartition de la rente pétrolière qui profite à une petite minorité de nantis, ils ne réclament pas moins du travail, un logement, de la dignité.

Bref, ils réclament tout ce que le pouvoir de Bouteflika n’a de cesse de leur promettre depuis 1999, promesses qu’il n’a pas pu ou su tenir.

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